Lettre ouverte à monsieur le Président de la Collectivité Territoriale

Lettre ouverte

Lettre ouverte à monsieur le président de la Collectivité Territoriale


Monsieur le président,

Nous avons pris connaissance de vos propos au journal télévisé du 1er mars relatifs à l’approvisionnement via Fortune et à la nécessité pour les importateurs de travailler avec Terre-Neuve au risque que le consommateur « shunte » les commerçants locaux.

Encore une fois, monsieur le président, vous avez « pointé du doigt » les commerçants comme étant responsables de la vie chère.

Vous omettez certaines réalités qui impactent fortement la construction des prix des produits importés ; la taille de notre marché nous limite fortement auprès des fournisseurs, les coûts du transport routier et du transport maritime ont explosé suite aux crises successives, les prix de certaines marchandises ont aussi également augmenté que ce soit en France, en Europe, au Canada ou ailleurs dans le monde.

Nous vous rappelons que les taxes à l’importation sont calculées sur le coût des marchandises et de leur transport, générant par la même occasion une augmentation de vos ressources au détriment du consommateur.

De plus, chaque commerçant reste libre de ses relations avec ses fournisseurs, relations qu’il a construites dans le temps et dans la confiance afin d’assurer la desserte la plus fiable. S’il existait des conditions d’approvisionnement plus favorables, les commerçants auraient pris leurs responsabilités au bénéfice du consommateur.

Par ailleurs, la collectivité territoriale détient la compétence fiscale et vous pouvez par la mise en œuvre de mesures appropriées faire évoluer la situation de l’archipel pour le rendre plus attractif pour la population et pour les entreprises.

Nous avons d’ores et déjà eu l’occasion de vous soumettre quelques orientations comme :

La diminution de certaines taxes à l’importation sur les produits de première nécessité en compensant par une augmentation de la taxe sur le tabac ; vous avez appliqué l’augmentation de la taxe sur le tabac mais sans diminuer les taxes sur les produits de première nécessité.
La révision des tranches d’imposition pour alléger l’impôt des ménages qui ont bénéficié d’augmentations de salaires dans les secteurs publics et privés ; cette mesure aurait eu pour effet de limiter la pression fiscale sur la population et ainsi favoriser le pouvoir d’achat.
La mise en place mesures fiscales incitatives pour les investisseurs locaux et extérieurs.

Nous avons suggéré de mettre en place des incitations fiscales afin de favoriser la construction de logements dont le territoire a besoin pour accueillir de futurs résidents et permettre à nos jeunes de trouver un logement accessible financièrement lors de leur retour sur l’archipel.

Vous avez mandaté un cabinet pour vous accompagner sur la mise en place d’une politique d’attractivité du territoire et nous saluons cette initiative. Cependant, cette démarche risque de se solder par un plan marketing territorial tout comme la démarche marketing touristique.

Alors dites-nous, monsieur le président, comment l’archipel peut-il accueillir des touristes et des nouveaux résidents dans un centre-ville qui se meurt, au sein d’entreprises qui sont obligées de limiter leurs activités face au manque de main d’œuvre et à l’absence de logements !

Nous tenons ici à vous rappeler que les commerçants représentent encore le poumon économique du territoire et que dans cette période particulièrement difficile que nous traversons tous, nous souhaiterions obtenir de votre part un peu plus de considérations. Les entreprises de l’archipel ont un rôle fort économiquement mais aussi social sur ce territoire ; elles font vivre des familles, elles participent aux activités culturelles et sportives (le sponsoring et les lots offerts aux associations représentent un engagement à souligner), elles contribuent à la vie de l’archipel…

Sur un territoire de plus 6 000 habitants, isolé, impacté par une démographie défavorable, les institutions doivent être présentes pour accompagner les entreprises et assurer la survie d’un tissu économique en souffrance. C’est aujourd’hui que nous devons tous nous « serrer les coudes » et trouver des solutions.

Nous demeurons disponibles pour travailler collectivement dans le sens de l’intérêt général et de la survie du territoire !

Le 2 mars 2023

                                                                    

                                                                                                                                              Les membres de la CACIMA

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